Compagnons d'Emmaüs : "sans l'abbé Pierre, nous ne serions pas là aujourd'hui"
La mort du défenseur des sans-logis, lundi à l'âge de 94 ans, a semé la tristesse chez la quarantaine de compagnons de la communauté implantée au Relecq-Kerhuon. A l'automne dernier, quatre d'entre eux avaient rendu visite à l'abbé Pierre, à Alfortville pour l'interviewer à l'occasion du 50è anniversaire d'Emmaüs Brest, l'une des 115 communautés que l'homme a contribué à créer grâce à son action. « L'abbé Pierre m'a apporté la sérénité, témoigne Alain. Il m'a transmis la solidarité et il faut qu'on continue. Même si je m'y attendais, quand j'ai appris la nouvelle, j'avais les bras coupés, comme tous les compagnons. Deux hommes m'ont marqué dans ma vie : l'abbé Pierre et Coluche. Je suis un peu orphelin aujourd'hui ».
Le président de la communauté, Jean-Paul Guillou, parle de l'abbé Pierre comme d'une personne « très présente et qui suivait l'actualité de France et du monde ». Il l'avais rencontré à plusieurs reprises dans le cadre de réunions pour Emmaüs International. « Sa force était d'avoir des coups de gueule et des coups de coeur en même temps. Il n'y avait pas de limite à son humanité ».
Un homme a fait un acte très digne, lundi matin. Vers 10h30, quelques heures après l'annonce du décès du fondateur d'Emmaüs, Jean-Pierre, la cinquantaine, s'est présenté à la communauté du Relecq-Kerhuon pour offrir ses services en qualité de bénévole. « Je lui avais promis de faire quelque chose. Je n'avais rien tenté avant car je ne suis pas courageux, je suis un faible personnage. J'ai le regard de l'abbé Pierre devant les yeux ». Le 17 novembre dernier, Jean-Pierre avait passé deux heures avec cet « homme extraordinaire ». A la suite d'un pélerinage, le religieux l'avait invité à venir partager une messe. « A l'heure du déjeuner, nous avons parlé de diverses choses comme la religion, la pauvreté et le logement, des sujets qui lui tenaient à coeur. L'abbé Pierre était un monument qui a toujours su tenir son cap. Il a eu ces mots extraordinaires : aidez-moi, aidez les autres. J'adhère à cette phrase et c'est pour cela que je veux moi aussi donner un coup de main ».
Des funérailles sont organisées ce vendredi à la cathédrale Notre-Dame de Paris et un hommage national sera rendu à l'abbé Pierre. Il sera inhumé dans l'intimité, au cimetière d'Esteville en Seine-Maritime, dans un carré réservé aux membres d'Emmaüs.
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