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Paysages Bretons : photographies, portraits de Breton(ne)s, littérature et multimédia

Bastien Lucas donne une nouvelle vie aux déchets électroniques

14 Mai 2010 , Rédigé par Christophe Pluchon Publié dans #Ils font l'actualité... parfois dans leur coin

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Ecouter l'interview diffusée sur RCF Rivages : 

 

 

Depuis le 15 novembre 2006, les magasins ont l'obligation de reprendre nos déchets électroniques, qu'il s'agisse des téléviseurs, des micro-ondes, des piles et des cartouches d'encre... A Brest, Bastien Lucas a créé l'association Eco-Action pour informer des familles, dans les quartiers, car la démarche n'est pas encore bien intégrée. Objectif : éviter que ces produits polluants ne finissent leur vie dans la nature.


Un imposant hangar dans la zone industrielle de Troyalac'h à Saint-Evarzec... Dans l'atelier Ecotri D3E (qui dépend des Ateliers Fouesnantais) s'entassent dans des bacs, sur la musique des transpalettes, des centaines d'écrans, de grille-pains et d'outils de bricolage de toutes sortes. Ce ballet dure toute la journée : les déchets électroniques arrivent par camion des trois départements de l'ouest de la Bretagne en vue d'être désossés. Ce matériel, usé ou démodé, est récupéré en amont par les distributeurs et les déchetteries, et depuis un an, par l'association Eco-Action montée sur Brest par Bastien Lucas. « Quand j'étais étudiant en école de commerce, j'ai réalisé une étude sur la gestion des déchets électroniques. Je me suis rendu compte qu'on jetait de grosses quantités de ces déchets hautement polluants. J'ai alors eu l'idée de monter une association pour aller au-devant des gens dans les quartiers » se souvient-il.

L'association Eco-Action voit le jour à Kerbonne. Le jeune homme aux allures de bon élève n'a aucune difficulté à persuader les ménages de déposer leur vieil aspirateur dans le bac qu'il a installé en bas de leur immeuble ou sur une place, bien en vue. En une seule journée, avec quelques bénévoles, il récolte en des endroits différents de la ville, entre 200 et 400 kg de déchets électroniques. Pour convaincre les adolescents, c'est un peu plus compliqué, malgré les nombreux messages de prévention sur le tri des déchets diffusés dans les classes depuis des années, et par l'association elle-même lors de ses interventions. « Les plus jeunes ne prennent pas conscience qu'il doivent trier, se débarrasser proprement de leur téléphone portable ou de leurs accessoires informatiques. Ils les jettent simplement dans la poubelle » déplore Bastien Lucas. Le problème est que ces rebuts, que nous produisons chacun à hauteur de 14 kg par an selon la Commission Européenne, contiennent des substances fortement toxiques pour l'environnement. Si l'ancien étudiant en commerce a monté cette opération dans les quartiers, au plus près des usagers, c'est bien parce que tout le monde ne peut pas aller dans une déchetterie, car il faut une voiture, surtout lorsque les objets dont on veut se débarrasser sont lourds, sales et encombrants. Bastien Lucas regrette que dans certains points de collecte communaux ou intercommunaux, il ne soit pas encore possible de déposer « proprement » ses déchets électroniques. « Ils sont broyés, incinérés, alors qu'ils pourraient être recyclés ». Selon Eco-Systèmes, entreprise agréée auprès des pouvoirs publics pour « gérer » la filière, 94% des déchetteries du Finistère jouent pourtant le jeu aujourd'hui. Elles ont récolté l'an dernier 4 000 tonnes de matériel électronique. Eco-Systèmes, qui est financé grâce à l'éco-participation en vigueur depuis 2006 sur chaque appareil acheté neuf, aide les collectivités à s'équiper en leur versant des primes allant pour chaque tonne de déchets, jusqu'à soixante-quinze euros.

L'enjeu pour les années à venir est important car un téléviseur à tube cathodique pourra, en passant cette filière, être dépollué à hauteur de 85% dans l'atelier Ecotri D3E. Ce processus de valorisation est aussi créateur d'emploi, car il fait travailler plusieurs dizaines de personnes handicapées et en insertion à Saint-Evarzec. Mais tout n'est pas rose pour autant, car la structure doit constamment adapter ses façons de faire aux progrès technologiques et marketing des fabricants. Les bureaux d'études n'ont en effet pas encore bien intégré la notion d'éco-conception : par exemple, même sur les appareils sortis ces derniers mois, les circuits électroniques sont toujours reliés aux boitiers par des vis. Ecotri doit utiliser un démanteleur, une sorte de grande cloche dans laquelle un cyclone vient « casser » les liaisons mécaniques. Au prix de ce lourd investissement, les cartes et alimentations se retrouvent séparées comme par miracle.

Chez Eco-Systèmes, on confirme qu'au 1er juillet de cette année, les fabricants seront financièrement incités à imaginer des produits respectueux de l'environnement. Les téléphones portables qui n'auront pas de prise pour chargeur universel, ou les téléviseurs rétro-éclairés au mercure seront pénalisés par une éco-participation défavorable que les marques devront intégrer à leurs prix de vente.

Bastien Lucas avoue faire le maximum, chez lui, pour avoir un comportement exemplaire. Il privilégie la douche plutôt que les bains et ne jette plus ses cartons dans la poubelle ménagère mais dans un bac séparé. En matière d'éclairage, le fondateur de l'association Eco-Action souhaiterait que l'on communique plus sur les méfaits des ampoules basse-consommation, qui vont devenir la norme dans les prochaines années. « Ces ampoules sont plus polluantes que leurs homologues à incandescence. Il faut éviter de les casser, et surtout les faire recycler. On dit aussi qu'elles ont des effets cancérigènes. Mais ce qui me gêne surtout, c'est qu'elles mettent du temps à s'allumer correctement, si bien que certaines personnes les laissent allumées toute la journée » dit-il.

L'autre phénomène qui questionne Bastien Lucas, c'est cette tendance à toujours acheter le produit dernier cri et à suivre la mode. « C'est une manière de satisfaire notre égo. On a besoin de montrer qu'on a réussi à se payer tel ou tel appareil. La publicité à la télévision y est pour beaucoup. Si on peut le recycler, tant mieux. Mais la question des emballages à base de pétrole n'est toujours pas résolue ». Tous les ans, selon Eco-Systèmes, un consommateur acquiert plus de 20 kg d'équipements électriques et électroniques (EEE) neufs. Dans cette masse de produits figure un grand nombre d'objets achetés à bas prix. Pas toujours utiles et souvent fragiles, ils sont le miroir de notre société qui nous encourage à consommer toujours plus sans que l'on en mesure forcément les conséquences sur l'environnement.


Pour informer les consommateurs sur le recyclage et le réemploi, Eco-Action sera présente au colloque sur l'économie sociale et solidaire les 28 et 29 mai au Quartz à Brest. L'association dispose aussi d'un local au lieu-dit Pen-Ar-Valy à Milizac. Vous pouvez y déposer aux heures d'ouverture, vos déchets électriques et électroniques.

Contact : 06 75 96 98 88

Site internet : http://eco-action-asso.webnode.fr/


Christophe Pluchon

 

 

Ecouter le magazine diffusé sur RCF Rivages sur le traitement des déchets électroniques dans le Finistère : 

 

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